L’appel des représentants des infirmiers libéraux (IDEL) sera demeuré lettre morte. Au début du mois de mars, la Fédération nationale des infirmiers (FNI) demandait instamment au gouvernement d’entamer la phase 3 du Bilan des soins infirmiers (BSI), qui vise l’ensemble des patients dépendants. Son déploiement était en effet prévu au 1er avril 2023, plus de trois ans après le déploiement de la première phase en janvier 2020 qui concernait les plus de 90 ans. Peine perdue. Cette généralisation, s’agacent le Syndicat national des infirmiers libéraux (SNIIL) et la FNI, n’aura pas lieue à la date prévue.
En cause de ce report, l’annonce par la CNAM d’un « dépassement de l’enveloppe allouée à la généralisation du BSI (+11 millions d’€) », fait savoir le SNIIL dans un communiqué. Un message perçu comme un « affront » par le syndicat, qui s’était lui aussi fermement opposé à un report éventuel au début du mois. Cette logique de « prix/volume » va totalement à l'encontre du virage domiciliaire encouragé par le gouvernement, indique la FNI de son côté.
« Ce report interroge quant à la motivation de la CNAM et du ministère de la Santé à bien vouloir déployer cet outil, pourtant indispensable pour contribuer au maintien à domicile des patients et nous interpelle sur la volonté d’un véritable dialogue conventionnel », réagit le SNIIL, quand la FNI dénonce « un manque de cohérence » de la part de l'Assurance maladie. « Celle-ci semble oublier que les dépenses qu’elle consacre à la prise en charge des patients dépendants à domicile par les infirmières et infirmiers libéraux, permettent d’éviter un grand nombre d’hospitalisations, plus coûteuses », commente-t-elle. Et ce alors que le nombre de malades chroniques sans médecin traitant atteint les 600 000 et que, avec le vieillissement de la population, les patients dépendants ne vont cesser d'augmenter. « Le « tsunami » de prises en charge des patients dépendants est devant nous, avec une prévision de +70% de patients dépendants dans les 40 prochaines années », prévient-elle.
Un enjeu à l'approche des négociations conventionnelles
Pourtant, rappelle-t-il, le BSI est un outil indispensable « à une prise en charge optimale des personnes les plus vulnérables », notamment parce qu’il facilite le quotidien des IDEL. Le SNIIL, qui indique s’être entretenu avec le directeur général de la CNAM, Thomas Fatome, encourage l’organisme à fixer une nouvelle date pour la généralisation du BSI. L’enjeu pour le syndicat est de taille : il entend faire de cette généralisation une des conditions des futures négociations conventionnelles, annoncées par la CNAM pour la fi avril, durant lesquelles il défendra notamment une « revalorisation significative des déplacements ».