Un arrêté du 17 août 2023 modifie les arrêtés du 9 mars 2023 relatifs à l'autorisation du protocole de coopération « Prise en charge par le pharmacien d'officine ou l'infirmier diplômé d'Etat de la pollakiurie et des brûlures mictionnelles non fébriles chez la femme de 16 à 65 ans dans le cadre d'une structure d'exercice coordonné ou d'une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) » et à l'autorisation du protocole de coopération « Prise en charge par le pharmacien d'officine ou l'infirmier des patients de 6 à 45 ans se présentant pour odynophagie (douleur de gorge ressentie ou augmentée lors de la déglutition) dans le cadre d'une structure d'exercice coordonné ou d'une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) ».
Pour le cas de la pollakiurie comme de l'odynophagie, le texte détaille les objectifs de mise en oeuvre :
- Réduire les délais de prise en charge d’une symptomatologie courante avec diminution du risque de complications grâce à une prise en charge précoce.
- Favoriser un accès aux soins égal pour tous, lutter contre les inégalités territoriales de santé et améliorer le parcours de soins dans un contexte de démographie médicale déficitaire.
- Diminuer le recours à la permanence des soins (urgences et organismes de permanence de soins ambulatoires - PDSA), notamment en horaires de garde, en s’appuyant sur les compétences d’autres professionnels de santé.
- Permettre aux professionnels de santé habilités d’avoir une réponse adéquate à une demande fréquente et de prendre en charge cette symptomatologie.
- Améliorer la sécurité de la prise en charge : - En favorisant une prise en charge par un professionnel de santé ayant si possible accès au dossier médical de la patiente - En utilisant des algorithmes décisionnels simples issus de référentiels validés. - En améliorant la traçabilité des prises en charge grâce à un échange sécurisé des informations
- Optimiser la dépense de santé via les leviers décrits sur les points précédents.
Quels patients sont concernés ?
Qui est concerné dans le cas de la pollakiurie ? «Les femmes de 16 à 65 ans - Sans facteurs de risque, présentant des signes fonctionnels urinaires (une pollakiurie et/ou une brûlure mictionnelle, et/ou une dysurie, et/ou une impériosité mictionnelle) d’apparition récente. - Avec un médecin traitant, membre ou non de la structure d’exercice coordonné ou de la CPTS, ou sans médecin traitant». De nombreux critères d'exclusion sont spécifiés comme «un épisode de cystite non complètement résolue dans les 15 derniers jours ou encore des signes d’appel gynécologiques : leucorrhée, prurit vulvaire ou vaginal».
Pour le cas de l'odynophagie, les patients concernés sont «âgé de 6 à 50 ans, se plaignant d’un mal de gorge augmenté par la déglutition», et de très nombreuses exclusions sont mentionnées, comme par exemple «le retour de voyage en pays tropical depuis 2 à 5 jours et vaccination anti-diphtérique non à jour (> 20 ans) ou non renseignée» ou encore «un enfant présentant des troubles digestifs importants (vomissements, diarrhée)».
Ce protocole permet aux pharmaciens d'officine et aux infirmiers libéraux un élargissement de leurs compétences à travers plusieurs dérogations :
- Dérogation 1 : Identification des facteurs d’exclusion du protocole dont les situations de gravité requérant une prise en charge médicale en urgence.
- 2 : Observation des amygdales.
- 3 : Pose de l’indication et réalisation du score de Mac Isaac pour les patients d’âge ≥15 ans.
- 4 : Indication, réalisation et interprétation d’un TROD (non dérogatoire pour le pharmacien formé).
- 5 : Prescription du traitement : antalgiques de palier 1 (paracétamol – pas d’autres traitement, ni aspirine, ni AINS, ni vaso-constricteur). ou de l’antibiothérapie conforme aux recommandations de l’HAS (angine bactérienne) chez l’adulte et chez l’enfant.
- 6 : Prescription d’un arrêt de travail (ou certificat enfant malade) si nécessaire (selon référentiel AMELI).
Rémunération
Selon le nouvel arrêté enfin, la rémunération de l'équipe est la suivante : 25 euros par patient entrant dans le protocole, y compris dans le cas d'une revoyure du déléguant (médecin généraliste) le même jour et le lendemain dans les cas suivants : exclusion du protocole (hors critères d'âge), nouveaux symptômes, doute du délégué», précise le texte. «La facturation du protocole ne peut être cumulée avec une cotation de droit commun réalisée le même jour et le lendemain, pour les mêmes patients et par les mêmes professionnels. La rémunération est librement partagée dans l'équipe des professionnels de santé impliqués dans le protocole».